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Page:César - Au moulin de la mort, 1892.djvu/215

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nom de Dieu le faisait trembler et lorsque, par hasard, il passait près d’un cimetière, l’idée de la mort le prenait à la gorge, le tenaillant à l’étouffer presque. C’étaient ses moments désagréables. Tant il est vrai que même sur l’homme pervers il y a des sons, des images ou des mots qui exercent une influence mystérieuse et qui le forcent, bon gré mal gré, de penser à Celui qui a créé et dirige les choses de ce monde, et surtout à ce terme fatal qui s’appelle la mort.


XII


Ali, ayant remarqué qu’Yvonnette se rendait au pied des rochers, ferma la porte et la suivit. Ce n’était que pour avoir l’occasion de s’entretenir avec elle qu’il avait refusé d’accompagner son père.

Il voulait donc savoir à quoi s’en tenir, s’il avait quelque chance d’être aimé. Depuis la promenade au Bief d’Etoz, un doute lui torturait le cœur et l’esprit. Jamais Yvonnette ne l’avait regardé, lui, comme elle regardait Maurice. Il se rappelait, en frémissant, les regards qu’elle fixait, ce jour-là, sur le chef des contrebandiers. On y lisait quelque chose