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Page:César - Au moulin de la mort, 1892.djvu/23

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d’hier ? Le mari de la jeune dame, un comte de Laroche, doit passer ici cette nuit. Il aura sans doute sur lui une forte somme, car il a dû réaliser une partie de sa fortune avant de quitter le pays. Si un accident se produisait, un faux pas, que sais-je ? Tu comprends ?

— Un crime ! s’écria-t-elle.

— Mais non ! Il peut tomber en descendant les Echelles.

— Et puis, après ? Il faudrait bien le faire enterrer. L’argent qu’il doit porter sur lui, s’il en a, ne serait alors pas pour toi. Vois-tu, laisse-moi et ne suis pas ton idée : nous l’expierions un jour, tôt ou tard.

— Toi, grommela-t-il, tu ne sais pas ce que tu chantes.

Et, là-dessus, Jean Gaudat sortit.

— Mais elle a raison, se dit-il une fois dehors ; mon plan ne vaut rien. Pour que je puisse garder le magot, il faut que le corps disparaisse. Mon premier projet était le meilleur. L’homme sera fatigué, je lui offrirai une chambre et…

Il n’acheva pas.

Cependant, il avait mis sa barque à flot, et, s’emparant d’une rame, il fila rapidement vers l’autre bord.