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Page:César - Au moulin de la mort, 1892.djvu/26

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combinés. Et le pays, avec cela, était en pleine révolution. On parlait déjà de suspects, de traîtres. On commençait à se regarder de travers depuis que la nation s’était reprise. Les paysans pourchassaient les nobles, les traquaient comme des bêtes fauves, incendiaient leurs châteaux et souvent se vengeaient sur leurs seigneurs et maîtres des misères plusieurs fois séculaires dont avaient souffert leurs ancêtres, pauvres créatures vouées à l’esclavage de la glèbe, nourrissant quelques privilégiés pendant qu’eux, la plupart du temps, mouraient de faim. Maintenant, ils réglaient leurs comptes, les misérables ; toutes les fureurs, si longtemps contenues, se déchaînaient, et la justice, bien que-sommaire, était impuissante à les empêcher. Est-ce que le comte, au moment de fuir, était tombé entre les mains de ses sujets ?

Mais non ! Voilà un pas qui descend le sentier. Plus de douté ! C’est lui !

D’un seul bond, l’aubergiste se dressa devant l’inconnu, qui fit un sursaut et poussa un cri.

— Le comte de Laroche ? questionna Jean Gaudat.

Le comte — car c’était lui — ne répondit