Aller au contenu

Page:César - Au moulin de la mort, 1892.djvu/66

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 60 —

la main à Maurice et sortit de la maison, laissant le jeune homme plongé dans les réflexions que cet entretien ne manquerait pas d’éveiller en son esprit.


Quel homme que ce M. Viennot ! On eût dit qu’il avait le diable au corps. Il était connu dans toute la contrée, et même au-delà de la frontière, dans quelques villes franc-comtoises où il se rendait souvent pour affaires, faisant commerce de choses très disparates, achetant et revendant, à bénéfices ou à pertes, toujours d’humeur gaie, content comme un pinson, usant et abusant de la vie comme un roi. Il n’était inféodé à aucun parti, quoique libéral par instinct et par expérience, aimant la France à cause de son beau ciel, de ses jolies filles et de ses vins généreux, et la Suisse parce qu’elle lui offrait la liberté, c’est-à-dire l’existence telle qu’il la voulait. Sa religion était à l’avenant, et il reconnaissait à tous le droit imprescriptible de penser ce que bon leur semblait. Toutefois, il était très bien vu du clergé, envers lequel il ne se départait jamais de la plus parfaite politesse, pimentée de temps à autre de quelques fines gauloise-