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Page:César - Au moulin de la mort, 1892.djvu/72

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dre nuage. On apercevait quelques légères brumes, flottantes au-dessus des rochers, qui redescendaient peu à peu, comme fondues par la chaleur matinale. Dans les prés, autour des rares fermes suspendues aux flancs des collines, les faucheurs aiguisaient leurs faulx ou chantaient aux échos des environs le plaisir qu’évoquait en eux la belle et radieuse saison. De fragiles colonnes de fumée s’échappaient du toit des maisons ; un troupeau de petit bétail, disséminé dans un pâturage, faisait tinter ses menues clochettes dont la gaie sonnerie emplissait la vallée. Les gazons tapissés de fleurs, le feuillage des arbres fruitiers cachant à demi les habitations, reposaient la vue. Et, partout, sur ces coteaux boisés, plantés de hêtres, de sapins et d’autres essences forestières ; sur les jeunes taillis où la fraise exhalait son parfum délicieux ; au sommet des hautes parois rocheuses qui se dressent, de chaque côté de la rivière, comme pour en rendre les bords presque inaccessibles ; partout, un soleil étincelant répandait de la vie et de la clarté, semant en même temps ses richesses et ses couleurs : le vert clair du foyard, le vert plus sombre des chênes et des pins, l’or des renoncules et du po-