Aller au contenu

Page:César - Au moulin de la mort, 1892.djvu/89

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 83 —

cendiée. Les paysans des alentours avaient acheté les terres, débris d’une fortune autrefois considérable. Un pan de muraille, l’allée de platanes séculaires attestaient encore l’emplacement de la construction détruite. Et c’était tout. C’était tout ce qui restait de sa famille, témoins muets de douleurs et de joies éprouvées, d’illusions et d’espoirs déçus. Là où il avait vu le jour, sous le toit qui n’était plus, dans ce vallon à l’horizon boisé, sa mère avait été heureuse, mais si peu de temps que le souvenir, pour la pauvre femme, avait dû s’effacer rapidement. À la pensée qu’il aurait pu vivre aussi dans ce coin de terre, s’y livrant à la chasse ou aux autres plaisirs de sa vaillante jeunesse, avec ses parents tout fiers de leur enfant, Maurice avait senti des pleurs lui monter aux yeux et des sanglots lui étreindre la gorge. Qu’avait-il donc fait pour être maltraité de cette sorte par Celui qui dirige les mondes et la destinée des hommes ? Et n’aurait-il jamais, en son existence de fils de proscrit, l’une de ces heures de félicité suprême qui font oublier tous les chagrins vécus ? Une poussée de désirs agita ses lèvres,