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Page:César - Au moulin de la mort, 1892.djvu/98

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eut, dès cette heure, comme un doute vague de cette maternité cependant avouée. Car la vieille Catherine, ainsi que la roue du moulin, tournait et retournait encore sa langue…

— Et voilà deux enfants qui sont grands, qui n’ont rien et ne savent pas travailler. Ça m’empêchera de faire de vieux os. Avez-vous vu cette longue fille que j’ai renvoyée lorsque vous êtes entré ? Elle n’est bien qu’à fainéanter, tout le jour durant, et ne pense qu’à se promener en ramassant des fleurs. Celle-là, elle est embarrassée de ses mains. Elle nous a coûté, cependant, pour l’ëlever jusqu’à cet âge ! Ah ! non, se soucier du ménage, cette idée ne lui pousse pas dans la tête. Il faut encore que j’aie l’œil à tout. En notre jeunesse, nous ne nous chauffions pas de cette façon.

Quant à l’autre, au garçon, il est robuste et il ira déjà bien son chemin. Un fameux luron, cela on ne peut pas le nier. Et il n’a pas froid aux yeux. Sans lui, nous en serions souvent réduits à manger du pain maigre. Mais, tout ça, la pêche et la chasse, donne peu d’argent. On y meurt presque de faim, en hiver surtout, par les grandes neiges. Et dire que nous avions-espéré, un jour, nous