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Page:Cahiers de la Quinzaine - Série 15, cahiers 4-6, 1914.djvu/39

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ÈVE



Et moi je vous salue ô la première femme
Et la plus malheureuse et la plus décevante
Et la plus immobile et la plus émouvante,
Aïeule aux longs cheveux, mère de Notre Dame.

Et moi je vous salue ô pleine d’épouvante
Et pleine de terreur au seuil des nouveaux jours
Et pleine de retraite au fond des nouveaux bourgs
Et moi je vous salue ô vainement fervente.

Et moi je vous salue ô première servante,
Aïeule des bergers et des bons serviteurs,
Aïeule des bouviers et des premiers pasteurs.
Et moi je vous salue ô première suivante.

Et moi je vous salue ô vainement vivante
Et vainement offerte à de pauvres malheurs,
Et la plus soucieuse et vainement savante
Et la plus douloureuse après les sept douleurs.

Et je vous aime tant, première soucieuse,
Et vainement assise aux jardins de la peur.
Et moi je vous salue ô la plus anxieuse
Et la plus écrasée aux rêves de torpeur.

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