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Page:Cailhava de l’Estandoux - L’égoïsme, 1777.djvu/128

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L’ÉGOÏSME,

(À part.)
Cet exil si cruel pour les hommes communs,
Me fait rompre à la fois vingt liens importuns,
Et je pourrai tout seul jouir de ma richesse.

(Haut.)
Plus de frein. — Vous voyez l’excès de ma tristesse.

Ah !

POLIDOR.

Ah ! Je reprends les soins dont mon cœur vous chargeoit.

PHILEMON.

Douleur trop vive ! Adieu.

(Il veut sortir.)
POLIDOR, l’arrêtant.

Douleur trop vive ! Adieu.Mes billets, s’il vous plaît.

PHILEMON.

Un mortel qu’on arrache au sein de sa patrie,
A besoin, pour traîner une importune vie…

POLIDOR.

Quoi ! vous auriez le front de vous approprier
Le dépôt qu’en vos mains je daignai confier ?
Je vous l’avois remis pour rendre heureux mon frère,
Votre mere, Constance à qui je sers de pere.
Que dira-t-on de vous ?

PHILEMON.

Que dira-t-on de vous ? L’opinion d’autrui
Au Sage importe peu, s’il est bien avec lui.
Au sein de la vertu mon ame est fort tranquille.

POLIDOR.

Ta vertu disparoît devant tout vice utile. —
Et la dot de Constance, en quatorze billets,
Va-t-elle avoir le sort de mes autres effets ?
Allez-vous la garder ?