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Page:Cailhava de l’Estandoux - L’égoïsme, 1777.djvu/17

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xvii
Préface.

& sur-tout ce qui lui appartient. Pourquoi ? Parce que les intérêts de tous les personnages contrastent avec ceux du scélerat. Ai-je pris la même précaution ? Le Lecteur décidera.

Il seroit facile de penser qu’après avoir donné à ses caracteres principaux toute l’énergie possible, on n’auroit plus rien à faire pour épuiser un sujet. Moliere va encore nous prouver le contraire, en nous découvrant des moyens inconnus à nombre d’Auteurs. Il ne se borne pas, dans la plus parfaite de ses Pieces, dans le Tartuffe, à peindre l’hypocrisie de la religion, il en découvre jusqu’aux plus petites nuances ; Orgon en a la crédulité, Madame Pernelle a le bavardage d’une vieille dévote, & Cléante la religion de l’honnête homme ; il sait comment il parle, & le Ciel voit son cœur. En remarquant ces beautés, en réflechissant sur leur jeu théâtral & leur effet moral, mes idées se sont aggrandies, & toujours prêt à lutter contre les difficultés, j’ai dit : l’Égoïsme est un de ces caracteres qui varient autant que les figures ; je ne réussirai jamais à le peindre, si je n’en distribue les traits plus ou moins marqués à chacun de mes personnages ; dans l’action, dans les détails, dans les récits, même dans l’avant-scène, j’ai