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Page:Cailhava de l’Estandoux - L’égoïsme, 1777.djvu/72

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L’ÉGOÏSME,

POLIDOR.

Quoi ! vous voulez ?…Je veux qu’on se mette à ma place,
Et qu’on m’aide du moins à placer mes bienfaits.

PHILEMON.

Dois-je de mes parens ?…

POLIDOR.

Dois-je de mes parens ?…Non, je te blâmerois
De noircir en public leurs mœurs, leur caractère ;
Mais avec moi tu dois écarter tout mystère :
Feindre avec ton ami, seroit un trop grand tort.

PHILEMON.

Mon oncle, en vérité, vous m’embarrassez fort.
Comment, vous desirez ?…

POLIDOR.

Comment, vous desirez ?…Je fais plus, je l’exige :
Ou confirme, ou détruis le soupçon qui m’afflige.
Quoi, je ne pourrois pas les rendre tous heureux,
Moi qui venois exprès !… Mon sort seroit affreux.

PHILEMON.

Pourquoi vous alarmer ? Par exemple, mon pere,
Pourvu qu’il dorme, mange, & pourvu qu’il digere,
Pourvu qu’il vive enfin, tout lui devient égal.
Durand l’en blâme ; moi, je n’y vois point de mal.

POLIDOR.

Cette oisiveté…

PHILEMON.

Cette oisiveté…Bon, que peut-il davantage ?
Veut-on lui reprocher les défauts de son âge,
Sur-tout lorsqu’il n’a point consumé ses beaux ans
À des riens, comme font les merveilleux du tems,
Qui, pour jouer un Wisth, dîner, souper en ville,