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Page:Cailhava de l’Estandoux - L’égoïsme, 1777.djvu/79

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COMÉDIE

POLIDOR.

Constance n’a rien… Bon.Mais ce soir, en signant,
Je prétends lui donner cent mille écus comptant.

PHILEMON, à part.

Ô Dieux !

POLIDOR.

Ô Dieux ! Puisque ton cœur vit dans l’indifférence,
Que ton frère a des mœurs, qu’il adore Constance,
Au gré de tes desirs il faut le rendre heureux.
Annonce-lui son sort : le plutôt vaut le mieux.
Cours.

(Il le pousse doucement vers la porte.)
PHILEMON, bas.

Cours.Qu’ai-je fait ! Cachons à quel point j’en enrage.
(Haut.)
D’honneur, je lui croyais un très-riche héritage.

POLIDOR.

Mais, ton front s’obscurcit ! as-tu quelque chagrin ?

PHILEMON, feignant de vouloir sortir.

Laissez-moi taire un mal renfermé dans mon sein.

POLIDOR, l’arrêtant.

Non, parle promptement, ton silence m’outrage.

PHILEMON.

J’aime à voir que mon cœur soit peint sur mon visage.
Si l’altération qui paroît dans mes traits
Me force à dévoiler le plus grand des secrets,
Elle prouve du moins aux yeux les plus rigides
Que je ne porte point de ces masques perfides,
Qui peignent ce qu’on veut, & non ce que l’on sent. —
Vous voulez donc savoir ?…