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Page:Cailhava de l’Estandoux - L’égoïsme, 1777.djvu/89

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COMÉDIE

POLIDOR.

Et nos liens seront les vertus…Et l’estime !

PHILEMON, ironiquement.

Du pouvoir des vertus je suis édifié.

POLIDOR.

J’embrasse avec transport mon cher associé. —
Oh, ça, te voilà donc un grave personnage,
Un chef ! Tremble en songeant à quoi ce titre engage :
Point d’Égoïsme, au moins.

PHILEMON.

Point d’Égoïsme, au moins.Mais, mon oncle, entre nous,
Par Égoïsme enfin, voyons, qu’entendez-vous ?

POLIDOR.

Peu masqué chez Durand, il n’est pas fort à craindre ;
Indolent chez ton pere, il ne le rend qu’à plaindre ;
Loin de nuire à ton frere, il nous laisse entrevoir
Que ce jeune Guerrier, exact à son devoir,
Sera toujours guidé par l’honneur ; chez ta mere,
Nous exciter à rire est tout ce qu’il peut faire,
Sur-tout quand nous l’aurons resserré tout-à-fait
Dans la futilité pour laquelle il est fait :
Mais l’Égoïsme affreux que poursuit ma colere
De tout tems enfanta les malheurs de la terre :
Sous cent dehors trompeurs, en vrai Caméléon,
II y verse à long traits son dangereux poison. —
De la société détruisant l’harmonie,
Il produit les procès, seme la zizanie ;
Désunit les époux, les parents, les amis,
Divise d’intérêt & le père & le fils. —
À la bourse il se joue avec les banqueroutes ;
Secondé par la fraude, il les enfante toutes ;