Aller au contenu

Page:Calmet - Traité sur les apparitions des esprits, tome 1, 1751.djvu/170

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
132
APPARITIONS

vit en ſonge un homme fort bien fait, qui lui dit ſimplement noir. Il porte au Gouverneur cette réponſe, dont il ignoroit le myſtere. Ceux qui l’entendirent, s’en mocquerent, ne ſçachant pas ce que portoit le billet. Mais ce Gouverneur l’ayant ouvert, leur montra ces mots qu’il y avoit écrits : T’immolerai-je un bœuf blanc ou noir ? & que l’Oracle avoit répondu à ſa demande ſans ouvrir le billet.

Mais qui répondra qu’on n’a pas joué dans cette circonſtance le porteur du billet, comme faiſoit Alexandre d’Abonotiche, ville de Paphlagonie dans l’Aſie mineure ? Cet homme avoit eu le ſecret de perſuader au peuple de ſon pays, qu’il avoit avec lui le Dieu Eſculape ſous la forme d’un ſerpent apprivoiſé, qui rendoit des Oracles, & répondoit aux conſultations qu’on lui faiſoit ſur diverſes maladies, ſans ouvrir les billets qu’on mettoit ſur l’autel du temple de cette prétendue Divinité ; après quoi, ſans les ouvrir, on trouvoit le lendemain matin la réponſe au bas par écrit. Toute la fineſſe conſiſtoit, en ce qu’Alexandre d’Abonotiche levoit ſubtilement le cachet avec une aiguille chaude, puis le remettoit de même, après avoir écrit la ré-