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Page:Calmet - Traité sur les apparitions des esprits, tome 1, 1751.djvu/171

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DES ESPRITS.

ponſe en ſtyle obſcur & énigmatique, à la maniere des autres Oracles.

D’autrefois il employoit le maſtic, qui étant encore mol, prenoit l’empreinte du cachet ; puis étant durci, il y remettoit un autre cachet avec la même empreinte. Il recevoit environ dix ſols par billet, & ce jeu dura toute ſa vie, qui fut longue : car il mourut âgé de ſoixante-dix ans d’un coup de foudre, ſur la fin du deuxième ſiécle de l’Egliſe. On peut voir tout cela plus au long dans le livre de Lucien intitulé : Pſeudomanes, ou le faux Devin. Le Prêtre de l’Oracle de Mopſus aura pû par le même ſecret ouvrir le billet du Gouverneur qui le conſultoit, & ſe montrant pendant la nuit au meſſager, lui déclarer la réponſe dont on a parlé.

Macrobe[1] raconte, que l’Empereur Trajan, pour éprouver l’Oracle d’Héliopolis en Phénicie, lui envoya une lettre bien cachetée, où il n’y avoit rien d’écrit : l’Oracle ordonna qu’on lui en envoyât une autre auſſi ſans écriture. Les Prêtres de l’Oracle en furent fort ſurpris, n’en ſçachant pas la raiſon. Une autre fois le meme Empereur envoya conſulter le même Oracle, pour ſçavoir s’il

  1. Macrob. Saturnal. lib. I. c. 23.