Aller au contenu

Page:Calmet - Traité sur les apparitions des esprits, tome 1, 1751.djvu/340

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
302
APPARITIONS

timent probable, c’eſt la grande piété de l’un & de l’autre, & que ce Spectre n’avoit rien d’effrayant, mais au contraire. Ce qui mérite encore plus notre attention, c’eſt que ſi Dieu l’avoit envoyé, il auroit fait connoître pourquoi il l’envoyoit. Dieu ne badine pas & puiſqu’on ne peut pas comprendre ce qu’on doit eſpérer ou craindre, ſuivre ou éviter, il s’enſuit que ce Spectre ne ſçauroit venir de lui ; autrement ſa conduite ſeroit moins louable que celle d’un pere, d’un Prince, d’un homme de bien, & même d’un homme prudent, leſquels inſtruits de quelque choſe qui pût intéreſſer beaucoup ceux qui leur ſont ſoumis, ne ſe contenteroient pas de les avertir énigmatiquement.

Si ce Spectre eſt quelque choſe de naturel, rien n’eſt plus difficile que de le découvrir, que de trouver même quelque conjecture pour tâcher de l’expliquer. Quoique je ſois très-perſuadé de mon ignorance, je vais hazarder mon ſentiment. Ne pourroit-on pas avancer que cette lumiere a apparu, parce que l’œil du Comte étoit affecté intérieurement, ou parce qu’il l’étoit extérieurement. L’œil peut l’être intérieurement en deux manieres. Premierement, ſi ſon