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Page:Calmet - Traité sur les apparitions des esprits, tome 1, 1751.djvu/520

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APPARITIONS

s’il a joint & uni à la matiere ainſi diſpoſée une ſubſtance immatérielle qui penſe ? Or par rapport à nos notions, il ne nous eſt pas plus mal-aiſé de concevoir que Dieu peut ajouter à notre idée de la matiere la faculté de penſer, puiſque nous ignorons en quoi conſiſte la penſée, & à quelle eſpece de ſubſtance cet Etre tout-puiſſant a trouvé à propos d’accorder cette faculté, qui ne ſçauroit être dans aucun Etre créé qu’en vertu du bon plaiſir & de la bonté du Créateur.

Ce ſyſtême certainement renferme de grandes abſurdités, & plus grandes à mon ſens que celles qu’il ſembleroit vouloir éviter. Nous concevons clairement que la matiere eſt diviſible, & capable de mouvement ; mais nous ne concevons pas qu’elle ſoit capable de penſer, ni que la penſée puiſſe conſiſter dans une certaine configuration ou un certain mouvement de la matiere. Et quand la penſée pourroit dépendre d’un arrangement, ou d’une certaine ſubtilité, ou d’un certain mouvement de la matiere, dès que cet arrangement ſeroit troublé, ou le mouvement interrompu, ou cet amas de matiere ſubtile diſſipé, la penſée ceſſeroit d’être produite, & par conſéquent ce qui conſtitue l’homme ou l’animal