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Page:Calmet - Traité sur les apparitions des esprits, tome 1, 1751.djvu/91

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DES ESPRITS.

ſoutien. Si ce ſont les Magiciens qui de leur chef, & indépendamment du Démon, font cette déclaration, ils ſe trahiſſent de gayeté de cœur, & ne font pas leur cauſe meilleure, puiſque les Juges nonobſtant leur déſaveu, les pourſuivent, & les puniſſent toujours ſans miſéricorde, bien perſuadés que ce n’eſt que la crainte du ſupplice & l’eſpérance de l’impunité qui les font parler.

Mais ne ſeroit-ce pas plutôt une ruſe du malin Eſprit[1], qui s’efforce de rendre douteuſe la réalité de la Magie, pour mettre à couvert des ſupplices ceux qui en ſont accuſés, & pour en impoſer aux Juges, & leur faire croire que les Magiciens ne ſont que des inſenſés ou des hypocondriaques, plus dignes de compaſſion que de châtiment. Il faut donc toujours revenir à l’examen du fond de la queſtion, & prouver que la Magie n’eſt pas une chimere, ni un être de raiſon, puiſqu’on ne peut faire aucun fond, ni tirer aucun argument certain pour ou contre la réalité de la Magie, ni de l’opinion des prétendus Eſprits forts, qui la nient, parce qu’ils le jugent à propos, & que les preuves du contraire ne leur paroiſſent pas démonſtratives ; ni de la

  1. Vide Bodin, Préface.