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Page:Carette - Zirska, immigrante inconnue, 1947.djvu/50

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pas partager l’opinion du jeune reporter québécois. Aussi Delande ne fut-il pas étonné lorsque, deux mois plus tard, il revit son aspirant colon, vêtu d’une toilette de fort bon goût, et retournant en France. Un de ses parents lui avait laissé, paraît-il, une jolie petite fortune. Jean le félicita et lui demanda si le pays était bien ce qu’il avait cru d’abord.

— C’est un pays aux grandes possibilités, affirma-t-il ; mais vraiment, pour être colon, j’ai vite compris qu’il me manquait à peu près tout.

— Et comment ! affirma Jean Delande.

Le jeune Russe n’était pas le seul à reconnaître la fausseté des représentations et de la publicité faites, en Europe, sur le Canada. Si ce précédent était tout à fait hors de l’ordinaire, Jean se demandait tout de même pourquoi personne n’avait ouvert les yeux à ce jeune homme distingué avant que lui-même le fasse. Non, on était à tant la tête. Tête d’arîstocrate, tête de paysan ou même tête folle, tout était bon.