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Page:Carmontelle - Les Femmes, tome II.djvu/187

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CHAPITRE XXVIII.

rait vous tromper, et je suis déterminé à suivre exactement tout ce qu’il vous dictera. Connaissez mieux le mien, et vous ne serez pas effrayée de la passion que vous m’avez inspirée !

— La passion ! et la connaissez-vous cette passion fatale, qui n’existe que pour troubler les âmes, renverser tous les principes, et anéantir toutes les vertus ?

— Que dites-vous donc, Madame ?

— La plus cruelle des vérités. L’amour ne vous a jamais paru qu’un plaisir léger, autorisé par l’usage et la mode. La perfidie est un commerce, un jeu où l’un perd quand l’autre gagne ; les femmes, des objets qu’on troque, qu’on prend, qu’on laisse, et dont les peines, les tourmens, les désespoirs ne sont que des objets de plaisanterie.

— Vous me jugez bien mal, Madame, si vous me confondez avec les hommes que vous venez de peindre.

— Mais n’ont-ils pas les mêmes de-