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Page:Carmontelle - Les Femmes, tome II.djvu/189

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CHAPITRE XXVIII.

la vôtre, et un cœur tel que le mien ? Est-il possible de jamais vouloir offenser ce qu’on adore et tout ce qui le mérite le plus ?

— On s’abuse souvent en croyant pouvoir répondre de son cœur, en se croyant capable d’un sentiment qui ne peut jamais s’altérer.

— Eh ! Madame, si j’avais besoin de garant en vous donnant cette assurance, ce serait vous-même que je choisirais ; tout ne doit-il pas vous prouver que je ne puis cesser de vous aimer, qu’en cessant de vivre.

— Monsieur de Saint-Alvire, je vous estime, ne m’ôtez pas, je vous prie, cette douce satisfaction, en formant des vœux que je ne veux ni ne dois partager. Mais soyez sûr que nul autre que vous, si je voulais aimer, n’aurait d’empire sur mon cœur. J’ai besoin de repos. Le départ de madame de Brieux m’afflige trop sensiblement pour que je