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Page:Carmontelle - Les Femmes, tome II.djvu/203

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CHAPITRE XXVIII.

gez de mon désespoir. Toutes mes réflexions m’ont prouvé qu’une passion, qui ferait le charme de toute autre, ne peut être, pour moi, qu’une source de tourmens, et ce qu’il y aurait de plus cruel, c’est qu’ils rejailliraient sur vous, malgré tous les efforts que je ferais pour ne vous pas les faire partager. En vous aimant comme je fais, loin de goûter un bonheur pur, je ne serais occupée sans cesse que de la crainte de vous perdre, je l’ai éprouvé tous ces jours-ci, malgré votre retenue, votre complaisance et la crainte que vous m’avez montrée de me déplaire. Les injustices dont je vous accablerais, malgré moi, m’effraient ; la plus affreuse jalousie m’offrirait sans cesse des moyens de vous tourmenter, et je ne sens que trop à quel point vous seriez malheureux, car sûrement vous me plaindriez. C’est donc vous que j’aime, que je veux ménager, dont je ne