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Page:Carmontelle - Les Femmes, tome II.djvu/264

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LES FEMMES

— Je pris alors un air rêveur et jaloux ; mais l’opéra venait de finir, et nous fûmes obligés d’en sortir.

— Soupâtes-vous avec elle ce jour-là ?

— Elle me le proposa, en me disant : Vous pouvez accepter, nous ne serons pas seuls.

— La plaisanterie me parut fort bonne, et je me rendis chez elle. Le soupé ne fut pas fort gai, et quoique ce ne fût pas une chose rare, je crus remarquer qu’elle avait de l’impatience de voir retirer ce qui composait cette ennuyeuse compagnie. Je laissai partir tout le monde. Elle eut l’air de ne pas s’apercevoir que j’étais resté ; mais pendant qu’elle reconduisait les dames, je passai dans son boudoir. Que faites-vous ici, Monsieur, me dit-elle en y entrant ?

— Je vous y attends, Madame…

— Voilà une bonne folie, et à l’heure qu’il est ! Je ne vous reconnais pas là !