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Page:Carmontelle - Les Femmes, tome II.djvu/276

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LES FEMMES

croire que vous ne m’aimassiez plus, cet aveu empoisonnerait le reste de mes jours, je me reprocherais sans cesse de vous avoir éloigné de moi : si j’étais sûre de votre cœur, je serais encore plus à plaindre, en étant certaine de tout ce que vous souffririez de notre séparation. Vous versez des larmes ! Dieux ! qu’ai-je fait ! Éloignez-vous, je ne peux plus vous voir, ni vous entendre. Adieu et pour toujours. Elle passa dans son cabinet, en ferma la porte, et je restai anéanti par la douleur. J’entendis du bruit, je craignis d’être rencontré par cette mère cruelle qui nous causait tant de maux, et je revins chez moi désespéré de ma légèreté et de ma facilité à croire madame de Verencour si peu capable d’une passion qui pouvait seule encore me rendre heureux. Je ne voulus plus penser à former aucun engagement. Je me dissipai le plus qu’il me fut possible ; c’est-à-dire que je