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Page:Caron - Journal de l’expédition du chevalier de Troyes à la baie d’Hudson, en 1686.djvu/140

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200 000 de castor martre et autres pelleteries dans le temps qu’il n’y avait point de guerre entre les deux nations ayant corrompu deux ou trois gardeurs français des dits pelleteries et magasins.

Une si grande violence a obligé la dite Compagnie pendant quelle en porta sa plainte a S. M. en France, de renvoyer les armées suivantes, tant par mer que par terre au dit nord pour se venger des dits Anglais, en y continuant leur commerce.

Leurs forces remportèrent des lors de gands avantages sur les dits Anglais qui perdirent au fond de la baie du Nord trois forts, garnis de 24, 18 et 12 pièces de canon avec quatre vingts hommes dans le fort nommé Chichosiouan, à présent Ste. Anne, quarante hommes dans celui nommé Monsipi aprésent St. Louis, et dans celui nommé Rupert, apresent St-Jacques soixante hommes où ils firent aussi quelque pillage qui fut laissé à leur soldats et aventuriers pour leur donner courage à de nouvelles entreprises.

Ce fut vers ce temps que S. M. accorda au Roi d’Angleterre que les limites des terres seraient réglées par MM. les commissaires qui furent nommées de la part des deux royaumes ce portant défense aux sujets de faire aucun acte d’hostilité, à quoi les dits Anglais refusant d’obéir de leur part, seraient venus sur la fin de l’année 1688, au fond de la baie du Nord, occupée par les français hiverner avec trois navires et environ cent hommes d’équipage auraient bâti un fort a la voix de celui des dits français, qui toujours sur leurs gardes ayant sur leurs bras de si dangereux voisins découvrirent par la communication avec quelques uns des dits Anglais, qu’ils étaient ennemis, comme ils l’avaient pensé ce qui les engagea à leur faire la guerre dans laquelle ils furent assez heureux de prendre avec 17 français les dits trois navires et leur fort nommé Churchil, gardé par 85 hommes, les autres étant morts pendant l’hiver, laquelle prise a été jugée bien faite par le jugement de l’amirauté au Siège Royale de Québec, ayant été prouvée par les papiers qui ont été saisis aux officiers anglais qu’ils étaient partis de Londres a dessens de chasser les français de la dite Baie, et d’attirer ceux des dits français qui voudraient prendre parti ayant ordre pour cet effet de se servir de la force et de la fraude.

Une si méchante conduite de la part des dits Anglais dans le temps qu’ils avaient l’ordre de leur Roi de vivre en paix, la guerre déclaré par S. M. contre ceux qui servent le prince d’Orange a donné tout le droit aux français de faire un effort pour reprendre sur eux les Rivières de Ste Thérèse et de Bourbon, dont ils se sont saisis dès l’année 1682. Pour cet effet ils ont fait partir de Québec au mois de Juin dernier deux navires commandés par les Sieurs d’hiberville et de Bonnaventure. Armés de 18, l’autre de 12 pièces de canon et quatre vingts hommes avec toutes les provisions nécessaires pour la traite et pour l’entretien de leur garnison au fond de la baie et équipage, forces qui ont dépensé 180 000