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Page:Champion - Catherine de Médicis présente à Charles IX son royaume, 1937.pdf/25

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PRÉFACE

qu’il m’est arrivé de le nommer don Francès, comme ses contemporains (Francisque, disait Catherine).

Ajoutons que l’ambassadeur d’Espagne, en ces jours, à cause des intérêts des maisons unies de France et d’Espagne, de l’importance de l’enjeu (la foi catholique, l’équilibre des forces en Europe, la sauvegarde du grand empire colonial sur lequel ne se couchait pas le soleil), à la suite des entrevues de Bayonne, est entré dans le secret des gens et des choses ; qu’il a joué un rôle surprenant, qu’il a montré aussi une attitude intolérable, usé d’une manière de parler, chez nous et au roi, scandaleuse[1].

La question du triomphe de l’unité de la foi et de la tradition littérale, qui pratiquement ne présente plus beaucoup d’intérêt, prend de nos jours un tout autre attrait, sous l’aspect de l’unité d’une doctrine politique triomphant dans une nation qui cherche à l’imposer aux autres.

Nos cités et notre pays, toujours déchirés par les luttes partisanes individuelles, il semble parfois que nous les ayons ici sous les yeux. L’autorité du magistrat, la liberté de la conscience des croyants, la compréhension réciproque, sont toujours les conflits actuels s’imposant à l’intelligence et au cœur. Car ce vieux désordre, avec le timon monarchique il est vrai, où le pays se perd, se cherche, se combat, et se retrouve toujours sur le chemin des solutions moyennes, répond bien à notre individualisme, au morcellement de notre pays, au goût de la terre, à ce besoin des hommes de se grouper autour d’autres hommes, et non pas derrière des idées, des plans, et surtout des utopies.

Ni la Réforme protestante, s’adressant à la conscience et à l’intelligence, ni la Ligue catholique à forme démagogique, s’adressant à la tradition et aux passions partisanes, ne l’emportèrent cependant chez nous.

On ne fit pas la République à la mort de Henri III ; Henri IV, le huguenot, devint catholique.

Tout est ici un compromis, tendant à cet équilibre que notre pays a toujours recherché. Ce moyen terme est sa raison raisonnable, celle du peuple paysan que nous sommes en partie restés.

Bornons-nous, à propos d’un exposé rétrospectif dont nous ne voudrions pas exagérer l’importance.

  1. C’est sous Henri III, qui fut comme roi si bon et humain cependant, que le ton changea ; alors les Espagnols n’usèrent plus d’intimidation, ni de la violence dans le langage.