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Page:Champion - Catherine de Médicis présente à Charles IX son royaume, 1937.pdf/26

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PRÉFACE

Des horizons de France que nous allons parcourir, nous ne voudrions pas déduire l’horizon habituel et le climat définitif de notre pays, qui sont peut-être aussi, comme le reste, changeants.

Mais ce livre est un livre de bonne foi, écrit sur la table même des Archives, devant les documents. C’est l’ouvrage d’un ouvrier passionné de la vérité, qui peine chaque jour devant son établi.

On nous fera le crédit de croire que nous n’avons pas changé un mot aux conversations que nous transcrivons, et qui ont pris tout naturellement la forme d’un dialogue[1].

La figure de Catherine de Médicis pourra surprendre. C’est parce que nous pensons toujours à la Saint-Barthélemy (1572). Les paroles, les actes de la reine-mère ont eu la souplesse et la direction que nous indiquons jusqu’en 1567, c’est-à-dire jusqu’à la disgrâce de Michel de L’Hospital et à la deuxième guerre civile[2]. Cette guerre, les réformés l’avaient sans doute précipitée dans l’espérance d’une victoire rapide, reprenant pour leur compte le vieux plan des triumvirs catholiques qui eût consisté à mettre la main sur le roi et le gouvernement.

En ces jours les Guises avaient grandi et étaient sortis d’enfance. La vieille vendetta de leur famille allait revivre. Mais Catherine de Médicis avait fait, durant près de dix ans, l’essai d’une politique libérale, avant d’en constater l’échec, et de tenter l’autre essai, celui qui consistait à refouler la religion prétendue réformée, ce qui ne paraît pas avoir amélioré grandement les choses. Cette politique devait échouer à son tour, plus rapidement encore.

Tel est le jeu de bascule qui, plus que de la pensée de Catherine de Médicis, était sorti de la nature des choses, de leur réalité, puisqu’il remplira encore le règne de Henri III, et en partie celui de Henri IV.

Et sur un autre plan, il dure toujours chez nous.

Je dois enfin signaler qu’un certain nombre de documents aux-

  1. Ces dialogues ne sont pas des arrangements de notre part. Les phrases recueillies par don Francès le furent à la lettre. Nous les avons parfois abrégées. Au lieu d’user du —, le déchiffreur sépare les phrases par une barre / ou par une virgule. Les jeux de physionomie, les gestes, sont observés par don Francès et marqués expressément : dixome, Jesus… La reyna le dixo / Es menester ya quitarnos las mascaras… Luego dizque dixo el canciller, Madama la justicia ha de ser con piedad… Dixo la reyna / yo os prometo, etc…. Dixe / dixo /. Il semble que l’ambassadeur se soit proposé de faire assister Philippe II aux audiences elles-mêmes.
  2. Et même jusqu’en 1569 où il fut question du retour du chancelier.