Aller au contenu

Page:Champion - Catherine de Médicis présente à Charles IX son royaume, 1937.pdf/39

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
25
CATHERINE DE MÉDICIS ARBITRE

royaume unitaire, celui dont l’antique devise a été : « Un Dieu, une loi, une foi » ? Sur un point, la reine et son conseil se sont prononcés nettement : il est trop tard pour procéder par des mesures répressives. Les huguenots formaient les trois quarts de la France, suivant le cardinal de Lorraine ; et au témoignage d’un bon observateur, Simon Renard, qui renseignait la duchesse de Parme, sœur de Philippe II et régente des Pays-Bas, ils étaient partout dans le pays. Dans leur esprit, ils se croyaient tout le pays. Les figures deviennent tristes et s’allongent. Où est l’avenir, que peut-on faire ? Abattre quelques chefs factieux ? Tel est le problème qui se pose déjà, et dont l’aboutissement sera la journée de la Saint-Barthélémy[1]. Les pillages et les tueries de Sens en forment la préfiguration. La reine ne paraît pas accepter facilement l’idée de ces massacres. À quoi serviraient-ils ? Et quand on la pressait d’agir, elle répondait d’un mot qui peint le mieux son esprit politique : « On peut aussi bien prier en français ». Catherine de Médicis était française ; autant et plus qu’une Médicis, elle était la Tour[2].

François de Guise était tombé devant Orléans, sous les balles d’un huguenot. On avait accusé de complicité l’amiral. Les Guises avaient voulu, à propos de ce meurtre, la condamnation des Châtillons ; mais la reine-mère avait fait remettre le jugement à plus tard. Celle qui règne, sous le nom de son fils, n’est pas une factieuse ; de même elle n’a pas permis, après le coup de force d’Amboise, l’exécution du prince de Condé, condamné à mort, pas plus qu’elle n’admettra la sentence d’excommunication lancée par Paul IV contre la reine de Navarre, Mme de Vendôme[3]. Après la bataille de Dreux (1562), qui mit fin à la première guerre de religion, Catherine de Médicis a triomphé aussi bien des catholiques que des huguenots. Le maréchal de Saint-André avait été tué ; Montmorency, fait prisonnier, ainsi que Condé. On signa la paix d’Amboise, qui accordait le culte réformé dans une ville de chaque bailliage et dans les maisons seigneuriales. L’édit de pacification avait interdit les associations. Et Catherine de Médicis emmena protestants et catholiques, apaisés, reprendre la ville du Havre que la reine Elisabeth prétendait conserver, comme gage du secours

  1. Dès 1559, les Espagnols ont donné le conseil de frapper les têtes, sans préciser (Arch. Nat., K. 1492, 2 décembre 1559).
  2. Sa mère fut Madeleine de la Tour d’Auvergne, comtesse de Boulogne.
  3. Jeanne d’Albret, la mère de Henri IV.