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Page:Champion - Catherine de Médicis présente à Charles IX son royaume, 1937.pdf/48

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CATHERINE DE MÉDICIS

chie, dont elle avait reçu la tradition de François Ier qui l’avait formée.

On peut croire encore que dans sa pensée une telle leçon de choses serait profitable pour ses enfants.

Or Charles IX semblait un adolescent timide de quatorze ans, de mœurs très pures, paraissant aimer surtout les armes et le cheval. Il était assez grand, mais maigre et pâle de teint. Il passait alors pour bon et affable, n’ayant que ce cri à la moindre difficulté : « Ma mère ! » Il avait grandi toujours un peu solitaire, aimant la forêt, la chasse, le langage des veneurs et leurs jurons. Dans son corps, il avait tous les stigmates de cette tuberculose qui emporta François II. Le voyage le fortifierait. Et plus tard, dans son esprit, on le verra sensible au beau langage, accueillir Ronsard qui lui donna son enseignement, et surtout de si bons conseils. Car rien ne réjouissait davantage le poète que de voir son prince vêtu « à la mode des vieux Gaulois ». Ce « vieux Gaulois » était aussi un ouvrier, capable de frapper avec adresse des écus sur sa forge.

Henri duc d’Orléans (le futur duc d’Anjou, qui sera le roi de Pologne puis Henri III) était alors un enfant gâté sur sa treizième année, bien chéri de sa mère, car il se révélait plus vivant que Charles, plus gai, danseur, escrimeur, espiègle et taquin. Un joli crayon de ce temps nous montre ses traits. La malice y apparaît. Henri est, lui aussi, de santé délicate ; son teint semble aussi pâle que celui de son frère. Ses mains sont fines et jolies. Il n’est pas un ouvrier, mais un escrimeur avide de briller. Ses jeux, il va les partager avec ses futurs ennemis, Henri de Guise, prince de Joinville et le jeune prince de Béarn, Henri de Navarre, enfant rude et résolu que l’on voit déjà la main sur l’épée qui devait lui donner la fortune.

Margot a onze ans, aussi sage et sérieuse qu’elle devait être folle. Hercule, le dernier né n’a que dix ans : la reine le nommera bientôt François « pour la digne mémoire du roi François Ier » et il recevra le titre d’Alençon. Les jambes encore tordues, l’air ébahi, il est déjà la « petite grenouille », comme le nommera beaucoup plus tard Elisabeth d’Angleterre, en le couvrant de caresses.