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Page:Champion - Catherine de Médicis présente à Charles IX son royaume, 1937.pdf/49

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IV

PHILIPPE II REGARDE NOTRE PAYS AVEC LES YEUX DE M. DE CHANTONNAY



À l’automne de l’année 1563, quand la reine-mère était rentrée à Paris, Philippe II présidait les Cortès d’Aragon à Monçon. Il cherchait à obtenir de cette assemblée des ressources pour réaliser ses vastes desseins, politiques et religieux.

Le Roi Catholique avait ouvert la séance, tenant l’épée nue qu’il abaissa, s’excusant d’avoir différé, pendant onze ans, de consulter les États. Il s’agissait pour lui d’obtenir le vote de douze cent mille ducats d’or. Mais les Cortès travaillèrent à limiter l’autorité de l’Inquisition aux seuls cas d’hérésie, et Philippe II y vit une atteinte telle à sa puissance qu’il en fit une maladie. Les rapports avec l’ambassadeur de France, M. de Saint-Sulpice, apparaissaient fort tendus. Le Roi Catholique se plaignait des impositions mises sur l’entrée des vins de France en Artois et dans les Flandres ; les Français se montraient inquiets de la construction de forteresses sur les frontières des Pays-Bas ; les Espagnols nous faisaient grief des déprédations que leurs navires subissaient dans les ports de France. On avait enfin enlevé les dépêches qu’il portait aux Pays-Bas à un laquais de M. de Chantonnay, l’ambassadeur d’Espagne. Les Portugais, amis de la France, étaient accusés de favoriser le passage de nos nationaux se rendant en Floride. Les Espagnols en voulaient beaucoup au résident de la France dans les Pays-Bas, qui envoyait des nouvelles tendacieuses, disaient-ils, au roi de France.

Le post-scriptum d’un secrétaire à une lettre de l’Empereur adressée à M. de Chantonnay, en dit long. Il signale que la religion