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Page:Champion - Catherine de Médicis présente à Charles IX son royaume, 1937.pdf/52

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CATHERINE DE MÉDICIS

Car il ne convenait pas que le roi de France voyageât dans une province de son royaume, s’il n’était pas le plus fort. Et d’autres insinuaient, qu’en l’absence du roi et de la reine, le connétable voulait être régent, et par là gouverner la France.

Les Anglais poursuivaient toujours leurs négociations, qui inquiétaient beaucoup les Espagnols, car elles étaient traitées dans le secret, en dehors du Louvre, dans la maison des ambassadeurs, où avait été logé précédemment le duc d’Albe. Enfin on attendait à Paris l’arrivée de Mme de Vendôme, c’est-à-dire de Jeanne d’Albret, la veuve du roi de Navarre, la reine de Navarre comme on disait plus respectueusement, ce qui laissait croire à de nouveaux prêches huguenots. Car Jeanne d’Albret, la mère du petit prince de Béarn, était bien la plus austère des réformées, la plus grande hérétique comme disaient d’elle les Espagnols.

Le jour des Innocents, qui tombait le 28 décembre et perpétuait la fête des Fous, c’était la coutume de surprendre le matin ses amis dans leur lit, et surtout les dames. Le jeune roi s’était rendu à la maison de l’amiral pour fêter les Innocents, rire et s’amuser avec lui, et avec M. d’Andelot. La reine-mère l’avait accompagné, bien qu’elle se défendît de parler aux Châtillons et de favoriser les huguenots. M. de Chantonnay lui en fit l’observation. Mais depuis le lever jusqu’au coucher, les Chatillons demeuraient toujours à côté d’elle et de ses fils.

L’ambassadeur savait encore que la reine-mère s’entretenait secrètement, et durant de longues heures, avec Coligny et M. d’Andelot ; il observait enfin que dans les affaires du gouvernement Catherine de Médicis agissait de manière à contenter les deux partis.

Les catholiques ne pouvaient approuver cette attitude équivoque. Ainsi quand le courrier d’Espagne arrivait, on entendait la reine-mère déclarer qu’elle était aussi bien que possible avec le Roi Catholique, et que Philippe II lui faisait des propositions pour lui porter secours. Dans le même temps, elle déclarait à Chantonnay que, comme ambassadeur, il lui faisait tout le mal possible dans l’esprit de son maître.

On a dit comment, sur le pont Saint-Michel, fut tué le maître de camp Charry, avec deux autres capitaines. On reconnut là un coup de M. d’Andelot, très mal avec Charry. Ceux qui étaient tombés étaient parmi les meilleurs soldats de France, et partisans des Guises. Ces derniers se sentirent frappés. Si cela continuait,