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Page:Champion - Catherine de Médicis présente à Charles IX son royaume, 1937.pdf/55

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V

LE NOUVEL AMBASSADEUR D’ESPAGNE



L’arrêt du conseil du roi, ajournant le jugement sur la participation de l’amiral au meurtre de François de Guise, avait été rendu le 4 janvier 1564. Durant trois ans, à compter de cette date, les parties étaient invitées à demeurer dans leurs maisons, à s’occuper de leurs affaires, à l’exception du cardinal de Lorraine et de Mme de Guise, autorisés à suivre la cour. Les Guises partirent aussitôt, tandis que les Châtillons faisaient quelques difficultés à s’éloigner d’une manière trop évidente. L’amiral disait qu’il ne voulait pas se séparer du roi, car il craignait que son maître, qu’il aimait sincèrement, l’accusât de l’avoir abandonné.

Le jour des Rois (6 janvier) arriva, ramenant les réjouissances accoutumées. On revit à la cour Condé, Louis de Bourbon, l’époux d’Eléonore de Roye, et par là l’allié des Montmorency. Celui au nom de qui on avait dressé le complot d’Amboise, celui qui avait dû la vie à la mort de François II, sauvé on peut le dire par Catherine de Médicis et par Michel de L’Hospital, Condé le chef des huguenots qui s’était jadis jeté dans Orléans, en avait fait une place des réformés, le prisonnier des Guises au combat de Dreux, l’homme de l’amiral qui venait de négocier en Angleterre avec la reine Elisabeth, le voici de retour et à la cour ! L’ambassadeur Chantonnay pouvait faire observer alors qu’il n’y avait que le connétable, les Châtillons, La Rochefoucauld[1], Crussol[2] et sa femme, tous des « hérétiques ».

  1. François de La Rochefoucauld, beau-frère de Condé, l’un des meilleurs capitaines huguenots.
  2. Antoine de Crussol, duc d’Uzès.