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Page:Champion - Catherine de Médicis présente à Charles IX son royaume, 1937.pdf/58

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CATHERINE DE MÉDICIS

qui allait l’envoyer comme ambassadeur en Allemagne, ce qu’il acceptait facilement ; car il n’y avait, à son avis, plus rien à espérer en France. La reine-mère laissait dans ce pays le catholicisme aller à la ruine, et elle ne faisait rien que par les hérétiques. Le nouvel ambassadeur qu’avait choisi Philippe II, auquel il confiait une mission temporaire qui devait se prolonger longtemps, était don Francès de Alava y Beamonte, chevalier de Calatrava, capitaine général de l’artillerie, membre du conseil de guerre, âgé de quarante-trois ans, et originaire de la province de Vittoria. Francès de Alava connaissait parfaitement la Savoie, où il avait été ambassadeur, et la France depuis 1562, pays où il était venu afin d’aider Chantonnay dans son travail, et avec la mission de s’opposer surtout à la prépondérance du prince de Condé. Don Francès paraît avoir été un homme fort distingué, plus souple que Chantonnay dont il continua cependant la politique, mais avec un visage différent.¹ Nous possédons l’instruction que Philippe II dicta pour Francès de Alava, le 12 janvier 1564, et que le Roi Catholique corrigea de sa main. C’est bien le document le plus secret, le plus typique, émané du roi bureaucrate. Car Philippe II était un grand travailleur, sous une apparente lenteur, consacrant beaucoup plus d’heures à son travail diplomatique de bureau qu’à ses prières. Il faut avoir vu, sur des milliers de dépêches, son écriture tortillonnée de mauvais scribe, pour s’en rendre compte. Mais le Roi Catholique savait ce qu’il voulait ; il possédait dans sa tête toutes les affaires dont il se faisait présenter chaque mois les résumés. Le roi d’Espagne exigeait de ses envoyés la plus exacte discipline, comme de ses soldats.

Voici ce que Philippe II écrivit à don Francès : Certes, Chanton nay l’avait bien servi, et il ne l’avait rappelé que pour des convenances personnelles. Le Roi Catholique manifesterait à don Francès la même confiance. Il sera officiellement ambassadeur auprès du duc de Savoie, mais en fait chargé d’une mission temporaire en France. L’en1. Don Francès, riche et indépendant, sera tenu par la suite, avec Zuñiga, comme un personnage de grande autorité, le type du parfait ambassadeur, tandis que Juan Vargas semblait trop modeste (Fr. Vasquez de Avila à Philippe II, 29 juin 1578).

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