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Page:Champion - Catherine de Médicis présente à Charles IX son royaume, 1937.pdf/63

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À PARIS AVANT LE DÉPART

pris dans son coche le connétable. On les vit passer devant le monastère, se promener jusqu’au château de Madrid en traversant le bois de Boulogne, et parler à un personnage qui ne pouvait être que Throckmorton, puisqu’il retourna à Saint-Germain. L’ambassadeur ordinaire d’Angleterre n’était pas là[1]. Il n’aurait pu d’ailleurs s’en référer qu’à des lettres lui recommandant de mener avec beaucoup de prudence la négociation commencée, et même de ne pas la poursuivre, car les Français se montraient fiers et hardis. Mais les deux antagonistes désiraient, au fond, une paix qui leur était également nécessaire. Et Throckmorton ignorait ce qui avait été écrit à l’ambassadeur, car on ne lui permettait pas d’envoyer de lettres en Angleterre, ni même de parler à ceux qui venaient de ce pays.

Or Catherine de Médicis, pour donner le change, et montrer que la négociation anglaise ne l’intéressait pas, faisait ses préparatifs pour quitter bientôt Paris.

Le secret que ne pénétrait pas Chantonnay, l’amiral le connaissait par le connétable, présent à l’entretien. Tous en parlèrent au lever de la reine, où il assista. Alors Catherine avait fait fermer les portes, et personne n’entra plus ; or tandis que les Châtillons délibéraient, un prince du sang et catholique, comme M. de Montpensier, demeurait dehors ! C’est qu’il s’agissait de l’Angleterre amie.

Avant de quitter Paris, il convenait de désarmer les gens de la ville. Voilà pourquoi Charles IX avait convoqué les notables, louant l’obéissance qu’ils avaient toujours montrée en prenant les armes. Le roi affirmait tenir les Parisiens pour des sujets très fidèles ; mais il leur recommandait aussi de ne se livrer à aucun excès, de façon à ne pas enfreindre l’édit de pacification. Si le roi avait dû limiter l’usage des arquebuses et des pistolets à Paris, c’était à cause de ce qui se passait dans le reste du royaume où ces armes étaient interdites. Ceux qui détenaient des pistolets dans la capitale, étaient donc invités à les vendre au roi qui les achèterait moyennant une indemnité.

À la veille du départ pour Fontainebleau, l’amiral était toujours à la cour, tandis que le cardinal de Lorraine, alors absent, s’apprêtait à la rejoindre. Il n’eût pas été convenable qu’ils se rencontrassent encore. L’amiral prit enfin le parti de gagner Châtillon, ce qui permettait d’éviter des incidents. Le même jour,

  1. Thomas Smith, résidant à Paris.