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Page:Champion - Catherine de Médicis présente à Charles IX son royaume, 1937.pdf/64

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CATHERINE DE MÉDICIS

M. d’Andelot, son frère, colonel de l’infanterie, gagna la frontière de l’est qu’il allait inspecter sur les confins de la Lorraine, du Luxembourg, et jusqu’à Calais. Le prince de Condé devait se rendre, lui, en Picardie pour visiter de même les frontières de cette province, ce qui n’était pas sans inquiéter Chantonnay qui faisait prévenir immédiatement Marguerite de Parme, la régente des Pays-Bas. On put observer que Charles IX donna aux ambassadeurs l’avis de son départ pour Fontainebleau, laissant dire qu’il prendrait par la suite le chemin de la Lorraine. Cet avis était inusité ; et le représentant de l’Espagne croyait comprendre que c’était là une façon d’y entraîner les Anglais. Il voyait enfin, d’après les ordres donnés à Brissac, que le séjour à Fontainebleau serait assez long. Enfin Throckmorton avait été autorisé à écrire en Angleterre, et à recevoir les réponses de ce pays.

Était-il vraisemblable que Charles IX allât à Fontainebleau seulement pour son plaisir, comme il l’avait annoncé ? La chose paraissait peu croyable. Et Chantonnay avertissait en hâte son maître, le Roi Catholique, que la négociation que M. de Lansac devait remplir auprès de lui serait relative à la situation de Mme de Vendôme, la reine de Navarre, dont les états étaient enclavés dans ceux de Philippe II.

Menacée d’excommunication par le pape comme hérétique, et sans aucun doute sur l’intervention la plus dissimulée de l’Espagne, Jeanne d’Albret allait-elle être mise sous la protection du roi de France, et cela à l’instigation de la reine-mère ? Que de rumeurs encore, à la veille du départ, relatives aux ressources financières si incertaines du pays ! On parlait de lever simplement une aide de six millions, dont la moitié serait payée par le clergé. C’est que la pauvreté n’est pas une condition favorable, lorsqu’on prépare un traité. Tout cela au milieu des alarmes. Dans la salle, où Charles IX regardait les danses, on venait d’arrêter un homme qui portait des armes en présence du roi. Le capitaine qui l’avait découvert lui avait mis la main au collet ; et l’on disait naturellement qu’il appartenait à la suite de l’amiral. Enfin la supplique de cette pauvre Mme de Guise continuait de faire le sujet de la conversation de tous.

L’atmosphère du voyage demeurera celle des derniers jours de Paris : elle sera faite de mensonges, de craintes réciproques, de fêtes apparentes, avec danses et masques. Et Perrenot de Chantonnay récapitulait les dons faits aux hérétiques pour obtenir