leur éloignement à l’amiral, à MM. d’Andelot, de La Rochefoucauld, de Genlis. Le prince de Condé avait obtenu 60 000 écus par mois, et l’amiral pareille somme ; les autres étaient payés à l’avenant, suivant leurs bons et agréables services !
Ainsi la cour et Paris demeuraient remplis de rumeurs. Un autre scandale n’était-il pas dans la négociation avec le Turc ! Admirez qui va la conduire : un certain Du Bourg, parent du conseiller Anne Du Bourg, qui avait été brûlé pour crime d’hérésie à Paris ! Et Chantonnay croyait le savoir, l’agent de la France à Constantinople négociait déjà.
Que dire enfin de l’attitude de la reine-mère, qui laisse croire aux Anglais qu’elle a un accord avec le roi d’Espagne, avec le pape, les princes catholiques allemands ? C’est à n’y rien comprendre.
Comme il sortait de la demeure de l’ambassadeur d’Angleterre, suivi de ses gens, Perrenot de Chantonnay rencontra un secrétaire qui en fit immédiatement le rapport à la reine-mère. Et Catherine raconta la chose, le soir, à son dîner, mais en éclatant de rire : « Allez voir l’ambassadeur d’Espagne, car aujourd’hui il est allé visiter celui d’Angleterre ! » Quoi d’extraordinaire, disait Chantonnay, penaud. N’arrive-t-il pas aux ambassadeurs de se visiter ? Pourquoi la reine-mère en prend-elle ombrage ?
Mais l’ambassadeur d’Espagne n’a plus qu’un temps mesuré pour déchiffrer l’énigme décevante, le sphinx au visage de Catherine souriante, qui contemple cette autre énigme, la paix du royaume à l’intérieur et à l’extérieur.