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Page:Champion - Catherine de Médicis présente à Charles IX son royaume, 1937.pdf/66

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VII

L’ARRÊT À SAINT-MAUR



La reine-mère et ses enfants, avec une partie de la cour, devaient quitter la capitale, le 24 janvier 1564, pour arriver le soir au petit village de Saint-Maur.

Saint-Maur : « paradis de salubrité, aménité, sérénité, commoditez et délices, et tous honnestes plaisirs d’agriculture et de vie rustique ! » Ainsi François Rabelais, qui y résida au temps où il suivait, en qualité de secrétaire et de médecin, le cardinal Jean Du Bellay, avait salué ce séjour où le cardinal avait fait édifier par Philibert Delorme, sur la hauteur dominant la Marne et l’abbaye des moines, un plaisant château d’un style nouveau, vers 1543. C’est dans ce « paradis » qu’il avait espéré de recouvrer la santé, après une longue et fâcheuse maladie. Catherine de Médicis venait d’acquérir la maison et la terre par voie d’échange, le 28 janvier 1563, car il s’agissait d’un bien d’Église. Il comprenait non seulement le château, mais encore le logis, nommé à l’italienne la Cassine[1], avec les terres qui en dépendaient, le moulin du pont de Saint-Maur, et la maison de M. de L’Hospital, le chancelier, assise au village.

La raison de posséder un château à Saint-Maur, c’est le site, le bon air, la facilité de s’y rendre rapidement de Paris où les épidémies sévissaient presque chaque été, le besoin d’échapper à ce grand camp de pierre que demeurait Vincennes, avec donjon inhabitable pour des raffinés, une triste résidence, à peine rajeunie par le logis de Louis XI et la Sainte-Chapelle royale de François Ier et de Henri II. Car Vincennes semblait déjà une prison,

  1. Du mot casino.