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Page:Champion - Catherine de Médicis présente à Charles IX son royaume, 1937.pdf/67

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L’ARRÊT À SAINT-MAUR

L’ARRÊT A SAINT-MAUR 53

un refuge sévère durant les périodes de troubles et d’émeutes, tout ensemble caserne et forteresse. Saint-Maur, c’est la lumière, la grâce, et surtout le grand agrément de la garenne voisine, que limitent naturellement les boucles de la Marne, formant le terrain de chasse à courre, si agréable aux Valois.

La reine-mère regarde pour la première fois avec attention le parc, entouré de murs sur l’ordre de François ler, protecteur de la garenne royale où elle se promène ; le château de l’évêque de Paris, Jean Du Bellay, dont elle fera par la suite sa maison. Ici Philibert Delorme construira trois ans plus tard son logis, celui du roi, et les réunira par une galerie ; et Jean Bullant, l’architecte de Catherine de Médicis, y installera sa magnifique librairie, ses antiques, le buste en bronze de François Ier, les Grâces de Pilon et le groupe des Muses. « Ma maison », dira alors Catherine de Médicis, reprenant un mot de François Ier à propos de Fontainebleau. Maison à l’antique, mais avec les plaisirs de la ferme et les produits du jardin. A Saint-Maur, on fera les fromages de la reine ; on recueillera son lait, le fruit, les salades ; là on préparera confitures et condiments. Enfin Catherine y installera un immense jeu de pail mail. Et durant les séjours de la cour, le vieux village de Saint-Maur, groupé autour du corps miraculé du patron qui lui donna son nom, le redresseur des boiteux, des contrefaits et surtout des goutteux qui y déposaient en signe de reconnaissance leurs potences c’est-à-dire leurs béquilles, s’animera à l’égal des jours de pardon. Car les gens du village y vendront le vin de leurs vignes, de la farine pour faire le pain, loueront leurs maisons comme logements. On dressera même autour du château des tentes. Alors « Katherine, l’enragée cabarettiere », y fera de bonnes affaires ! Mais Saint-Maur n’est encore qu’un site, avec le château de Jean Du Bellay que découvre Catherine de Médicis. Combien de temps devait-on s’arrêter à Saint-Maur ? Ceux qui pensaient savoir quelque chose, et prenaient leurs désirs pour des réalités, disaient que la cour ne pouvait que rentrer à Paris, ou bien demeurer à Fontainebleau jusqu’au Carnaval, c’est-à-dire à la mi-février. On s’entretient, en attendant, des bruits du jour, de la nouvelle apportée par une personne de qualité, chassée de Genève pour adultère, que les gens du duc de Savoie avaient fait une entreprise sur Genève, la nation calvine comme on disait alors.