VIII
LE CARNAVAL DE FONTAINEBLEAU
e séjour à Fontainebleau sera long. Il se prolongera durant
quarante-trois jours, dans le « château du roi ». C’est
qu’il convient en effet de préparer le convoi qui va former
une longue colonne, d’attendre le printemps, ou tout au moins
la fin de l’hiver. Car seulement au printemps il est possible,
il est bon de chevaucher sur les routes de France. La reine-mère
profitera de ce temps d’arrêt pour recevoir, faisant se rencontrer
courtoisement dans des fêtes les gentilshommes qui avaient
plutôt l’habitude de se combattre sur les champs de la politique
ou de la bataille. Pour le « Carême prenant », c’est-à-dire le Carnaval,
une suite de combats et de jeux avait été prévue. On arrêta
de même un programme de banquets : au dimanche de Carnaval
fut fixé celui de la reine-mère ; au lundi, celui du duc d’Orléans ;
au mardi gras, celui du roi[1].
Mais avant de fêter le Carnaval, que de masques à soulever !
Des propos, aigres comme la saison, furent échangés entre la reine-mère et le cardinal de Lorraine.
Catherine lui dit : « Je me suis bien trompée au sujet de Chantonnay. Mais ses intrigues sont à présent découvertes. Tout ce que les Anglais et Throckmorton ont fait en France l’a été grâce à lui. Le roi d’Espagne, au courant de toutes ces intrigues, ne veut voir que la sédition dans la maison de son voisin ! Il ne s’agit plus maintenant de recevoir le conseil d’un roi étranger. Le roi de France est majeur. Il peut gouverner lui-même son royaume. »
- ↑ Pâques tomba en 1564 le 2 avril ; le dimanche de Carême, le 19 février, et le mardi-gras, le 14.