Page:Champion - Catherine de Médicis présente à Charles IX son royaume, 1937.pdf/73

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
59
LE CARNAVAL DE FONTAINEBLEAU

Les conclusions du Concile préoccupaient toujours les esprits. Les catholiques estimaient que si les choses de la religion n’étaient pas résolues par l’autorité de cette assemblée, c’était la ruine de l’ancienne croyance ; alors l’opinion qu’il était nécessaire d’appeler à l’aide les princes étrangers ne manquerait pas de se produire. Les huguenots, d’autre part, pensaient que le fait d’accepter les décisions du Concile provoquerait inévitablement la guerre civile. Catherine de Médicis craint, elle, que le parti huguenot ne devienne le plus fort, ce qui amènerait la destruction du royaume. Conserver le royaume est bien ce qu’elle désire, et tout ce qu’elle poursuit en ce temps. Dans la conversation, elle laisse entendre que son dessein principal est la conservation de la religion catholique. Cependant, elle fait toujours comprendre que la chose essentielle est à ses yeux la sauvegarde de la couronne, jusqu’à ce que son fils soit devenu grand. Alors il pourra faire et décider ce qui lui plaira : comme si, ajoute Chantonnay, il était possible au roi de guérir, avec un mot de lui, un royaumeaussi perverti que la France ! On oubliait donc, remarquait l’Espagnol, que le duc d’Orléans (le futur Henri III), grandissait en même temps que le roi. S’il s’alliait aux hérétiques, ou se laissait séduire par eux, on les verrait se multiplier de jour en jour, ce qui serait encore le vrai chemin de faire perdre au roi son royaume. Alors on les retrouverait plus « gaillards » qu’ils n’étaient maintenant, sous la main d’un prince de Condé. L’intention évidente de la reine était de gagner du temps, de progresser, tantôt en s’appuyant sur un parti, tantôt sur un autre. C’est pourquoi elle n’accepterait jamais complètement les décisions du Concile ; et jamais non plus elle ne se déclarerait ouvertement en faveur des hérétiques. Ainsi elle reviendra au projet d’un Concile national. Dieu veuille l’éclairer ! Oui, que Dieu ait pitié, qu’il fasse que les gouverneurs appelés à se prononcer, et les membres du conseil, à la pluralité des voix, ne se montrent pas semblables à ceux qui avaient établi l’édit de janvier ! Car ce serait la fin de la religion. Ainsi médite Perrenot de Chantonnay. Donnons un regard aux fêtes qui débutent par des soupers. Les

réjouissances commencèrent le dimanche 5 janvier, au logis de M. le connétable, si peu sûr et difficile, par un souper auquel assista le roi. M. le cardinal de Bourbon donne également un souper en son logis, et à l’issue se déroule dans la cour un beau comD gitized by