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Page:Champion - Catherine de Médicis présente à Charles IX son royaume, 1937.pdf/79

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LE CARNAVAL DE FONTAINEBLEAU

gravité, et surtout de l’entrevue projetée, Catherine de Médicis sembla embarrassée. Elle passait d’un sujet à l’autre, reconnaissant toutefois que l’entrevue demeurait le seul remède : Le roi mon fils (ainsi Catherine nommait son gendre Philippe II) ne veut pas y venir ? C’est votre faute, Madame, car vous ne voulez pas envoyer dire clairement au roi d’Espagne quels objets y seront débattus. Il doit les méditer, y penser, les faire peser. Si vous n’avez pas confiance en moi, le fait que le roi d’Espagne m’accorde sa confiance doit cependant vous inciter à faire de même. Alors Catherine de Médicis fut prise d’un accès de rire : << Je me fie pleinement en vous. » Mais il fut impossible de tirer d’elle autre chose. Don Francès, en écrivant ce soir là, le 23 février, au duc d’Albuquerque, gouverneur de Lombardie, lui livrait ses premières impressions. Il venait d’essayer de voir s’il était préférable de négocier avec la reine d’une manière aimable plutôt qu’avec des menaces. Il avait usé de ce ton. Mais Catherine avait répondu de même. Certainement, elle était très fausse, et d’un esprit dissimulé !

Toujours Catherine de Médicis affirmait que la religion et le service de Dieu étaient l’essentiel. Mais dès qu’on lui parlait des décisions du Concile, elle répondait qu’il y avait encore un état de guerre avec les Anglais ; que le royaume se trouvait en grand trouble ; qu’elle et son fils feraient tout pour la religion, mais peu à peu, lentement.

La reine sert donc d’abord la couronne, et après seulement la cause de la religion, si elle le peut : telle était l’impression de don Francès.

Ainsi nous apparaît l’envers de la « Comédie » de Fontainebleau, qui touche parfois au drame. Orléans est trop enfant pour y avoir tenu un rôle. Il a récité les vers de la Bergerie de Ronsard, sans avoir aucune liaison avec sa sceur Margot, une autre enfant, comme on le répète toujours, d’après des vers mal compris du poète. Il a commandé le peloton qui se lança à l’assaut du « château enchanté », pour délivrer les dames, et vu la tour s’écrouler dans un embrasement de feu d’artifice ; il a fait de l’escrime contre Silvio, son « tireurs d’armes », 1. Elle voulait dire par là que la paix n’était pas signée. D gitized by