Page:Champion - Catherine de Médicis présente à Charles IX son royaume, 1937.pdf/80

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
66
CATHERINE DE MÉDICIS

et regardé les sirènes s’avancer en son logis récitant les vers de Ronsard :

Nous venons donc, o roy, selon raison Te saluer en la belle maison Que ta largesse à ton frère a donnée… Mais déjà il fallut songer au départ. Chantonnay s’éloigna le premier, plein de rancune, après avoir écrit au pape que la reine-mère faisait élever son fils suivant la confession d’Augsbourg. Catherine s’en montra indignée. Elle n’aurait donc eu aucune religion, pour professer la foi de l’une et élever son fils dans l’autre ! La manière dont elle vivait montrait que ses intentions étaient pures ! Chantonnay, déclarait-elle, avait simplement essayé d’allumer la guerre entre elle et Philippe II. Le cardinal de Lorraine paraissait alors fort suspect. Est-ce, comme l’insinue Chantonnay, pour lui faire quitter plus tôt SaintMaur qu’on lui avait affirmé que le roi était sur le point d’aller à la chasse dans les domaines de la maison de Lorraine, et qu’il commencerait son voyage chez lui, pour « manger avec toute la cour » : propos bien déplacé, s’adressant à une personne rentrant d’un long voyage, et conservant toujours le deuil d’un frère. Le cardinal avait d’autres sujets de mécontentement. La reine, pour montrer qu’elle était informée de tout, ne lui avait-t-elle pas dit : — Vous êtes en correspondance suivie avec le cardinal de Granvelle !

— C’est vrai, et mon devoir est de maintenir des relations avec lui pour être au courant des progrès de la religion catholique qui m’intéressent. Mais pour le reste je suis un fidèle sujet du roi de France ¹. Si mes services ne lui sont plus agréables, qu’il me donne mon congé, et je résiderai à l’étranger ! Dans les premiers jours de mars, quand les bourgeons luisent sur les arbres de la forêt, que les premières pousses indiquent la confiance et la vie, on s’entretenait toujours à Fontainebleau, autant que du départ prochain, de l’espoir apporté par le courrier 1. Il va devenir, il est peut-être déjà un serviteur du roi d’Espagne, servant d’informateur à l’ambassadeur d’Espagne sous le nom de El amigo. Mais le cardinal, qui dirigera les affaires en 1569, agira aussi dans un sentiment de l’intérêt français. Alors les Espagnols le tiendront pour suspect. Cela dépend du crédit qu’on lui accorde à la cour.


'