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Page:Champion - Catherine de Médicis présente à Charles IX son royaume, 1937.pdf/81

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LE CARNAVAL DE FONTAINEBLEAU

de M. de Lansac, chevalier de l’ordre, parti dans les premiers jours de tévrier, porteur de lettres si amicales de Charles IX et de Catherine pour le roi Philippe II. Lansac était chargé de l’adoucir, et surtout de lui dépeindre l’état prospère du royaume de France, qui ne l’était guère cependant. Ces bons rapports, renoués avec le roi d’Espagne, passionnaient le monde catholique des parlementaires. Car beaucoup de gens, désespérés, se tournaient maintenant vers lui. Ils auraient bien voulu savoir s’il donnerait vraiment aide et secours au roi chrétien son frère, et à la foi catholique. Le connétable Anne de Montmorency, qui allait mieux, en parlait, assure don Francès de Alava, les larmes aux yeux. Montmorency, donné comme mourant, ressuscitait aux yeux de la cour. Il était toujours en place ; et ceux qui s’attendaient à le remplacer, l’amiral ou Brissac, en furent pour leurs frais. Des nouvelles, irritantes comme la saison, se succédaient. En Provence, en Dauphiné des religieux avaient été tués ; à Rouen par contre, les huguenots étaient entrés dans une église, où l’on faisait un sermon, en chantant des Psaumes, en se moquant de ceux qui se tenaient à l’intérieur. Or, après la messe, les catholiques, tirant leurs épées, avaient tué dix ou douze huguenots. Cela était si fréquent !

Certains estimaient qu’il convenait de remplacer bientôt Blaise de Monluc en Guyenne, où la présence de l’homme du roi d’Espagne semblait nécessaire aux Espagnols. On pensait l’attirer ici, en lui disant qu’on le ferait entrer au conseil privé. Mais le Gascon rusé tenait à conserver sa tête sur ses épaules ; il ne vint pas, demanda un évêché pour son fils ! Un courrier du Languedoc apportait la nouvelle que Damville venait de faire pendre un des principaux ministres. Les Châtillons, exaspérés, réclamaient la révocation de Damville que le roi et la reine refusaient. Quant à la duchesse de Ferrare, elle eût voulu obtenir la permission de faire des prêches dans sa maison, ce que la reine-mère ne voulait accorder : « Je suis fille de roi, disait la duchesse ; et la princesse de Condé a bien fait prêcher chez elle certain ministre, je ne sais plus quel jour ! » « Certes je vous ai toujours reconnue pour fille de roi, répondait la reine-mère. Mais si la princesse de Condé a fait faire ce prêche, moi je ferai diligence de saisir le prédicateur ; et je ferai de même, pour le vôtre ! » La duchesse de Ferrare quitta aussitôt la cour, furieuse, réclamant, ce qui devait être un coup sensible, qu’on lui D gitized by