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Page:Champion - Catherine de Médicis présente à Charles IX son royaume, 1937.pdf/82

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CATHERINE DE MÉDICIS

rendit les 80.000 écus qui lui étaient dûs. Cette soumission catholique indiquait à l’ambassadeur que l’on pensait sérieusement au voyage de Lorraine ; mais selon lui, elle n’agréait pas aux Montmorency. Catherine faisait même le siège du cardinal de Châtillon : « Laissez l’habit et mariez-vous, et renoncez à vos bénéfices en faveur du cardinal de Bourbon ! » L’amiral, si cher au roi, allait regagner sa maison, très mécontent d’un propos de la reine-mère. Car les délégués des huguenots de Rouen, de Blois, d’Amiens, de Sens, et d’autres lieux, étaient arrivés pour se plaindre à Charles IX des mauvais traitements que leur infligeaient les papistes, qui avaient tué de nombreux réformés depuis le dernier édit. Le roi et la reine-mère les avaient accueillis dans la maison de M.de la Roche-sur-Yon : « On verra ce qui s’est passé, et ce qu’il faut faire. » Et comme ils insistaient, la reine répéta : « Je vous ai déjà dit qu’on verra, et qu’on étudiera tout cela. » L’amiral, s’avançant, avait dit alors au roi : « Sire, je suis toujours prêt à vous servir, avec mes trois mille gentilshommesl » > Mais Charles IX avait fait aussitôt appeler le très catholique Montpensier. C’est donc bien portant une rancœur justifiée que l’amiral devait regagner Châtillon, sa belle maison entourée de forêts, si élégante et claire, avec ses terrasses à l’italienne qui dominaient le Loing.

Les préparatifs du voyage étaient achevés. L’ordre du départ allait en fin être donné. Mais la confusion régnait à Fontainebleau dans les esprits. Deux fois les trompettes furent mandés pour annoncer ce départ : deux fois on déclara qu’on n’irait pas en Lorraine, ce qui était en effet l’opinion qui paraît l’avoir emporté au conseil. On attendait enfin, dans la nuit du 12, la réponse de l’Angleterre. Ici

était l’espoir : faire la paix avec les Anglais, dans ces jours troubles et troublés. D gitized by