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Page:Chancennes - Esclave amoureuse, 1957.djvu/16

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ESCLAVE AMOUREUSE

passage à Lucette.

Elle riait de l’aventure comme si une joie promise l’attendait au bout du chemin.

Ses yeux profonds et brillants reflétaient sa jeune ardeur, et son visage avait des teintes roses que la chaleur, les surprises de ce voyage avivaient encore.

Nous étions rapprochés si près que la brise n’aurait pu passer entre nous et nos corps se frôlant, nos cœurs battaient ensemble et si fort que nous pressentions l’imprévu et le beau danger que crée la solitude entre deux êtres jeunes, joyeux et fous.

Et je pris le bras de Lucette et sa taille fine, et la serrant contre moi, je la sentais en ma puissance, prête aux chastes caresses, domptée d’avance, asservie à l’homme qui cherchait déjà son esclave.

J’ai toujours eu le caractère violent, autoritaire, despote, et je savais, avant même d’avoir expérimenté le plaisir et toutes les voluptés les plus intenses que la passion suscite et que le vice accroît, que je ferais ployer sous mon désir l’être faible qui serait avec moi. De même que je brisais les pantins dont me comblaient mes parents et les amis de ma famille, de même j’avais l’envie insurmontable de faire mal aux êtres plus faibles que moi.

Battre mes camarades était une joie pour moi, j’aimais les sentir lâches, effrayés, sans défense, et je les martyrisais cruellement autant qu’il m’était