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Page:Chancennes - Esclave amoureuse, 1957.djvu/87

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ESCLAVE AMOUREUSE

l’homme à qui l’on est attachée, il n’est point impossible de le fuir et de le quitter.

Si l’on reste à ses côtés, c’est qu’on l’aime sans doute.

Ce n’est pas le plus souvent la peur qui retient, c’est cette sorte d’envoûtement dont on ne sait définir la nature et qui est si puissant, qu’on mourrait plutôt que de n’en plus subir l’influence.

Lucette est une de ces possédées dont le mysticisme vicieux s’accorde avec la mâle domination de celui qui, dès l’adolescence lui imposa sa volonté et à qui elle n’a le droit et l’idée de refuser ce qu’il propose ou de se soustraire à ce qu’il ordonne.

C’est Thérèse d’Avila qui a dit : « Telle est parfois l’intensité de la souffrance qu’elle fait perdre le sentiment. Ce sont les suprêmes angoisses du trépas ; mais il y a dans cette agonie de la souffrance un si grand bonheur que je ne sais à quoi le comparer. C’est un martyre ineffable à la fois de douleur et de délice. »

Et chez ceux dont une passion humaine provoque cette soif de douleur, le vice s’orne de beauté et de grandeur. L’abnégation est toujours admirable, même lorsqu’elle a pris naissance aux sources mêmes de la volupté.

Lucette est une amoureuse étrange qui se rapproche de ces mystiques par l’exaltation de ses