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Page:Charles De Coster - Légendes Flamandes.djvu/233

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Smetse, « vous me bailleriez à quelque bon petit bourreau de vos amis, lequel librement me taillerait comme jambon suivant vos savants préceptes, car vous fûtes, ce crois-je, docteur ès gênes ; mais n’êtes-vous point de mon bâton gêné ? Las ! oui, que n’êtes-vous libre ! vous me hisseriez à quelque benoîte potence, et l’on me verrait me balançant en l’air, et librement rirait maître Hessels. Et ainsi aurait-il sa revanche de ce que je le houcepeigne de présent avec si grande liberté. Car rien n’est libre en ce monde comme un libre bâton tombant librement sus un non libre conseiller. Las, oui ! que n’êtes-vous libre ! vous me libéreriez le corps de la tête, ainsi que vous le vîtes faire avec si grande joie à messieurs d’Egmont et de Hornes. Las, oui ! que n’êtes-vous libre ! on verrait Smetse en quelque bon petit bûcher, lequel le rôtirait librement, ainsi qu’il advint aux pauvres fillettes réformées : et Smetse, comme elles, chanterait d’une âme libre le Dieu des libres croyants et la libre conscience plus forte que le feu, cependant que maître Hessels boirait bruinbier et dirait qu’elle mousse. »

— « Ha, » disait le diable, « pourquoi me frapper si cruellement, sans nulle compassion pour mes cheveux blancs ? »

— « Pour ce que ton poil blanc, » dit Smetse,