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Page:Charles De Coster - Légendes Flamandes.djvu/234

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« est poil de vieux tigre mangeur de nos pays ; pour ce qu’il m’est plaisant de le frotter de chêne et aussi afin que tu me bailles permission de demourer encore sept ans en cettuy monde où je me trouve bien, s’il te plaît. »

— « Sept ans ! » dit le diable ; « n’y compte point ; j’aime mieux saigner sous ton bâton. »

— « Ha ! je le vois bien, » répondait Smetse, « votre peau est friande de coups. Ceux-ci sont bons, au demourant. Toutefois la plus grasse chère est malsaine à qui abuse. Adoncques, quand vous en aurez assez, daignez m’avertir. Je cesserai ce festoîment, mais il me faudra pour lors bailler les sept ans. »

— « Jamais. » dit Hessels ; et, levant le nez en l’air comme chien qui ulle, il cria : « À l’aide tous les diables ! » Mais ce tant aigrement et épouvantablement, qu’au bruit de sa voix fêlée sonnant comme cent trompettes, accoururent tous les manouvriers.

— « Vous ne vous écriez haut assez, » disait Smetse, « Je vais vous aider, » Et il le battit plus fort, et le diable cria davantage.

— « Voyez-ci, » disait Smetse, « comme bien le bâton fait chanter cettuy gentil rossignol sus mon prunier. Il y dit son lied d’amour appelant sa mignonne. Elle viendra tantôt, Messire ; mais venez, s'il vous