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Page:Charles De Coster - Légendes Flamandes.djvu/61

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que le moindrement. Considérez aussi que je ne voudrais tréspasser, sinon ayant eu loisir suffisant de faire longue pénitence. Mas ne me brûlez point plus tôt, je vous supplie. »

— « Nous verrons bien, » répondit le doyen ; « mène-nous présentement au lieu où est-ce diable. »

Lors ils étaient devant l’église, et le curé y entra quérir de l’eau bénite, puis tous les hommes, femmes et enfants de la commune se déportèrent vers la Trompe.

Là le doyen s’enquérant où était celui qui avait jeté un sort sus tous les braves hommes, Pieter Gans, bien humblement, lui montra le joufflu, souriant et tenant en main son bâton orné de pampres et grappes, et chaque commère l’ayant considéré dit qu’il était bien joli pour un diable.

Le prêtre s’étant signé et trempé la main en l’eau bénite, en oignit au front, au stomach et au cœur la statue, laquelle, par la grande puissance de Dieu, tomba incontinent en poussière et une voix lamentable fut ouïe disant : « Oi moi, ô phôs, tethnêka ! »

Et furent expliquées par le prêtre les paroles de ce diable, signifiant : « Las ! à moi, ô lumière, je me meurs ! »