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Page:Cheikh Nefzaoui - Le parfum des prairies (le Jardin parfumé), 1935.djvu/210

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LE PARFUM DES PRAIRIES

jeune homme, arrêtant son coursier, ordonna aux gens de sa suite de servir le déjeuner sur la mousse verte qui s’étendait à leurs pieds comme un brillant tapis d’émeraude, et conviant sa compagne, il la pria de vouloir bien partager son repas, ce qu’elle accepta gaiement.

Cependant les yeux de notre héros admiraient les mains délicates et la taille mince et flexible de la jeune fille, puis ils fixaient son œil noir largement fendu ; il tâchait d’étudier chaque mouvement de son sein qui soulevait doucement la broderie d’or de sa veste de velours.

Le cœur du beau cavalier s’échappait à la vue de tant de charmes irrésistibles qui faisaient rêver sa pensée.

— Avez-vous de l’amour pour quelque chose, Mohima ? dit-il enfin.

— Je ne sais, répondit-elle, mais je pense en ce moment que la société d’un homme ne convient pas à une femme, car les désirs se rencontrent quelquefois, et la perfidie du démon rend deux êtres malheureux.

— L’amour des honnêtes gens est sans perfidie et n’est point un mal.

— Lorsqu’un homme et une femme s’aiment,